Les branches du Fayard
- MARSCHAL Marguerite épouse THIRIFAY
° 17.03.1839 à LIMPACH (G.D.L)
+ 18.05.1878 à SESSELICH (B)
- THIRIFAY Charlotte épouse VERDUN
° 11.10.1874 à LIMPACH (G.D.L)
+ 29.05.1913 à RÉHON
Mon arrière grand-mère (1) et ma grand-mère (2) paternelles ont quitté ce monde toutes deux au plus joli mois du printemps. L'une avait trente neuf ans et deux mois, l'autre trente huit ans et huit mois. Le printemps de leur vie venait de s'achever. Si printemps il y a eu… La première avait eu onze enfants, ce qui pourrait expliquer quelque peu ce départ prématuré. La seconde n'en avait eu que six. Très sincèrement, j'aurais aimé que cette dernière demeure en vie. J'ai vécu une forme de frustration, à ne pas connaître mes grands-parents. C'est une des raisons qui me permet d'affirmer que, si la généalogie satisfait le besoin de découvrir ses racines, elle développe également une multitude de pensées imaginaires ou des rêves remplis de nobles sentiments. Ceci m'amène avant toute chose à remercier vivement tous ceux qui m'ont apporté leur concours, que ce soit dans l'initiation ou lors de mes recherches.Je ne pense pas que ma grand-mère Charlotte connaissait la signification de son patronyme. Dans THIRIFAY, le FAY est rapproché de fayard, le hêtre. Il faudrait donc interpréter le THIRI (THIERRY d'origine germanique) de la hêtraie. Sans se préoccuper s'il la plante, la possède, ou vit en son milieu. Ma préférence va à la première et à la troisième éventualité. Atavisme ou pas, tous ceux qui connaissent mes habitudes, ont plutôt tendance à me qualifier d'homme des bois. Je me dois de repousser, avec regret, la narration d'équipées sylvicoles pour me consacrer essentiellement à l'arbre de cette famille.
Mes plus lointaines recherches sur ce patronyme, à ce jour, se situent à MODAVE (B). Là le 23.02.1784, Libert Joseph y épouse Anne-Marie HANOUIL qui lui donnera six enfants. L'aïeul œuvrait comme domestique au château de cette charmante localité. Nous conserverons de notre visite en ce lieu, au sud de HUY, entre LIEGE et NAMUR, le souvenir d'un excellent accueil de la part de ses habitants. Un mot sur le château de MODAVE, juché sur un éperon rocheux, au pied duquel coule le Hoyoux. Très précisément à 57 mètres au bas du donjon. Un résumé de l'historique du château nous apprend que vers 1667-1668, une machine hydraulique y fut construite. Elle était destinée à élever l'eau du cours d'eau, dans la cour du château. La tradition en attribue l'invention à un charpentier de JEMEPPE-SUR-MEUSE. (Il ne paraît pas superflu de louer ce brave homme, qui a sans doute évité moult "coups de pompe" à mes aïeux…) Mais son génie a une autre destinée. Le délicat problème d'amener l'eau de la Seine au niveau du château de VERSAILLES, pour le service du palais et des jeux d'eau, paraissait irrésoluble. L'un des architectes eut connaissance du système de MODAVE. Celui-ci fut adapté pour VERSAILLES et c'est ainsi que fut construite la célèbre machine de MARLY.Après ce plongeon dans le Hoyoux et dans la Seine, je reviens dans mon élément : la forêt de hêtres. Le liber est un tissu végétal qui se trouve dans les racines des arbres. Outre cet attribut, mon aïeul est flanqué de celui du patron des charpentiers. Il va l'adjoindre au prénom de quatre de ses six enfants : Jean Henri, Marie, Christine et … Libert. Cet autre Libert Joseph n'est que le troisième enfant. C'est lui qui va assumer ma propre descendance. Il prend pour femme, le 8.01.1820 à MODAVE, Marie PIERSON. Ils auront ensemble douze enfants dont 3 à MODAVE (B), 3 à SOMME (B) et 6 à SANEM (G.D.L). C'est vers 1830 que mes ancêtres quittent la ferme où ils étaient domestiques à SOMME. Ils viennent se "mettre au service" du Baron de TORNACO, propriétaire du château de SANEM. La ferme de ARESHOF où vécurent les THIRIFAY existe toujours.
Au cours de nos recherches au Luxembourg, j'ai pu y retrouver des cousins cultivateurs à LANDSCHEID non loin d'ETTELBRUCK. Ces derniers possédaient un arbre généalogique sommaire établi par un prêtre qui fréquentait la famille. Une annotation marginale précisait que le patronyme devait sans doute son origine à une petite localité sise près de CHINY. Nouvelles démarches dans cette région. Nous découvrons une ferme importante implantée entre CHINY et IZEL. Sur le fronton d'entrée, gravé sur une plaque de bois un nom est inscrit : THIRIFAYS. Le THIRI de ces lieux devait planter beaucoup de hêtres puisque le nom est plurialisé…Les propriétaires ou fermiers savent peu de choses sur le patronyme. Il est bon de prendre leur récit avec les réserves d'usage. Ils nous apprennent qu'un groupe de fermes, détruites en partie par un incendie, aurait été édifié ici même par des moines. Leur ordre aurait été dissout parce que ces moines étaient trop riches (tiens, tiens !). Aucune précision par contre sur la période de construction.
Le patronyme est utilisé actuellement afin d'identifier le maqué, la boulette de ferme et le beurre, qui sont fabriqués. Les emballages de ces produits que nous achetons, viendront agrémenter le dossier de nos découvertes. Mais le brave fermier avait mené discrètement son enquête lors de notre entretien. Nous n'avions aucune raison de lui cacher nos nom et lieu de résidence. Ceci ne devait pas nous nuire. Quelques mois plus tard, je recevais une lettre de BRUXELLES. Elle émanait d'un certain Georges THIRI-FAYS qui avait été lui-même vérifier l'origine de la ferme. Ce Georges là était beaucoup plus instruit de l'ascendance de son patronyme que moi-même. Il fut cependant très satisfait de découvrir une branche du hêtre sur laquelle il ne s'était jamais perché. Les nombreux échanges de correspondance ne nous ont pas permis de conclure à une parenté à ce jour. En ce qui concerne une visite aux archives de HUY paraît indispensable. Que ne sont elles au milieu d'une forêt de hêtres aux pieds desquels pousseraient quelques beaux spécimens de têtes de nègre ? (Loin de moi l'idée de laisser sous-entendre que le patronyme est d'origine africaine).Je reviens sur l'évolution de mon ascendance. J'ai bien écrit que Libert Joseph et Marie avaient conçus 12 enfants dont 6 à SANEM. Parmi eux, Charles (° 3.06.1832) leur huitième enfant deviendra mon arrière grand-père. De son union avec Marguerite MARSCHAL (x 18.02.1857) vont naître 10 enfants à LIMPACH – RECKINGEN (G.D.L) et un seul, le dernier à SESSELICH (B) banlieue d'ARLON. Marguerite serait morte avant de mettre au monde le douzième enfant, Charlotte, ma grand-mère est la dernière à être née à LIMPACH. Après avoir quitté la Belgique vers 1830, les THIRIFAY y reviennent vers 1876 afin d'y exploiter une ferme. Je possède copie d'un document qui est l'extrait d'un jugement du tribunal de simple police du canton d'ARLON, rédigé le 22 octobre 1880 : "Charles THIRIFAYS, 49 ans, fermier, demeurant à SESSELICH, est condamné à une amende de deux francs et 0,25 de frais liquidés, ou à défaut à un jour de prison. Motif : pour avoir abandonné sa voiture dans la comme d'AUTELBAS". J'aurais bien aimé connaître les motifs de cet abandon.
La mort de son épouse a du contraindre Charles à renoncer au fermage. La ferme où demeurait la famille existe toujours et des descendants ont fait souche à SESSELICH. Vers 1888, Charles émigre avec ses enfants à MONT-SAINT-MARTIN. C'est une brochure éditée en 1909, par les Aciéries de LONGWY, qui me permet de connaître approximativement la date d'arrivée en France. La médaille de la Société Industrielle de l'Est (20 années) est attribuée à Charles, forgeron, et à ses deux fils : Théodore, forgeron, et Jean-Pierre, tourneur. La résidence se situe aux "milles briques". Ce nom à résonné quelques fois dans mes oreilles enfantines. L'appellation aurait été donnée à d'anciennes écuries transformées en habitations. Selon la rumeur, les résidents de ce lieu-dit n'avaient pas la réputation de se laisser faire. Et pourtant… Charlotte… ma grand-mère… s'est laissée… séduire… par mon Gustave de grand-père. Ce bougre d'homme (° 29.08.1878) n'avait pas 17 ans lorsque naquit Léon (° 15.08.1895) mon père. Et Léon s'appela THIRIFAY jusqu'au 30.08.1897 lorsque Gustave épousa Charlotte. Mais mon Gustave (et il faut l'avouer précoce) grand-père n'était pas seul à fêter un heureux événement ? Mon Gustave d'arrière-grand-père fut papa d'un petit François une semaine auparavant, le 8.08.1895. Je ne sais si par la suite l'oncle et le neveu ont commémoré une naissance quasi simultanée.Mes multiples démarches m'ont permis d'apprendre que les THIRIFAY étaient de braves gens, ayant un bel esprit de famille. La mort de Marguerite, mon arrière-grand-mère, dut sans doute créer un certain déséquilibre de la cellule familiale. L'un des frères de Charlotte, Michel, décida de gagner l'Amérique sans doute vers 1880. Il avait alors un peu plus de vingt ans. Une petite ramure du hêtre partait à la conquête du Nouveau Monde. Le concours d'une cousine résidant à AUXERRE m'a permis de retrouver, dans un premier temps, la trace de ce grand oncle. La photo d'un enfant présumé de Michel (rebaptisé Michaël outre atlantique) m'a permis de localiser l'une de ses résidences à ST-JOSEPH DU MISSOURI. En 1995, j'écrivis à la municipalité de cette ville. La lettre me revint. Je multipliais les démarches et les interrogations en exhibant une photo de la tombe de Michaël. Peine perdue. Jusqu'au jour où un jeune généalogiste prénommé Cédric m'offrit son concours. Il voulait mettre Internet à l'épreuve. Réjouis je l'étais, mais je l'avoue un peu sceptique sur l'aboutissement. En mars 2000, devant tous les amis du Cercle réunis, Cédric fit une déclaration qui me concernait au plus haut point. La petite ramure de hêtre, qui avait dérivé sur les océans vers 1880, semblait posséder quelques cupules. Les faines qu'elle contenait pouvaient avoir fait souche à SPRINGFIELD dans l'Ohio et à LINCOLN, capitale du Nébraska.
Arrêt sur image. Je traduis ici l'émotion de Cédric, sans doute aussi forte que la mienne. La découverte de mes ancêtres belgo-luxo-américains fut pour lui la révélation efficace d'un monde de communication révolutionnaire. Celui-ci "dépasse" la plupart des pépères de mon âge (je n'aime pas l'attribut papy). Il faut bien se rendre à l'évidence, le "Net" (soyons branchés pour une fois) présente un côté insaisissable, qui peut rendre rêveur, voire soupçonneux. Il n'empêche qu'il devrait être un instrument très performant pour les futurs généalogistes (dont acte). Mais… feuilleter un vieux registre d'état civil ou de vieilles archives restera pour moi le plaisir le plus attachant de la généalogie. Trêve de commentaires.Sur le champ, j'écrivis aux adresses indiquées. Avec l'aide d'un dictionnaire et d'une méthode Assimil, je rédigeais sans doute un pauvre anglais. Très compréhensible toutefois puisque deux réponses me parvinrent. Ainsi, j'appris par deux de ses petites filles, que mon grand oncle Michel avait élevé neuf enfants. Il était charpentier. Avait-il une préférence pour travailler le hêtre ? Y a-t-il une prédominance du hêtre dans l'État du Missouri ? Je me pose une foule de questions au sujet de ce grand oncle.
J'espère que mes cousines américaines vont tout mettre en œuvre pour satisfaire mon besoin de savoir, de connaître, d'imaginer, de rêver… A suivre… selon leur humeur !